EAU: Mohammad Ben Zayed à Washington: sécurité et armement


En visite officielle à Washington, le Prince héritier d’Abu Dhabi et commandant suprême adjoint des Forces armées fédérales cheikh Mohammad Ben Zayed Al Nahyan a été reçu, le 20/04, à la Maison Blanche, par le Président Barack Obama et le vice-Président Joe Biden. Ces discussions, en présence du Ministre des Affaires étrangères cheikh Abdullah Ben Zayed Al Nahyan et du Conseiller adjoint pour la Sécurité nationale cheikh Tahnoun Ben Zayed Al Nahyan, portaient sur les relations bilatérales, l’opération “Tempête Décisive”, la sécurité dans le Golfe, l’accord nucléraire iranien, les crises libyenne, syrienne et irakienne, et la guerre contre le terrorisme et l’Etat Islamique. Elles précèdent celles prévues le 13/05, à l’initiative d’Obama, entre les Etats-Unis et ses alliés du Conseil de Coopération du Golfe, à Camp David. La coopération sécuritaire et militaire était à l’ordre du jour des réunions qui ont précédé et suivi cette rencontre à la Maison Blanche.

Côté armement, la modernisation de la flotte de combat émiratie revient en tête des priorités actuelles de Mohammad Ben Zayed qui prouve, encore une fois, qu’il exploite son outil militaire à des fins qui dépassent largement le militaire et le sécuritaire. Ainsi, il a besoin de maintenir et d’élargir ses capacités d’actions et ses moyens de projection de ses forces, afin d’atteindre des objectifs militaires et sécuritaires, mais aussi et surtout des objectifs géopolitiques (contribuer, réellement, à la renaissance de l’ensemble géopolitique arabe, etc.) et même des objectifs politiques (son positionnement personnel aux EAU, au sein CCG et dans le monde arabo-musulman).

Le Rafale redevient un choix optimal

Dans les médias, le rejet par Abu Dhabi du Rafale était dû, tel que le prince héritier cheikh Mohammad Ben Zayed Al Nahyan l’avait d’ailleurs expliqué, au coût élevé du programme. Depuis, l’euro a baissé, et affaibli cet argument. Le concurrent euro-britannique Typhoon était écarté pour des raisons opérationnelles et techniques qui n’ont pu changer depuis (décembre 2013). Entre-temps, et alors que l’Armée de l’Air émiratie upgradait ses F-16, et qu’elle poursuivait l’évaluation du F-35, d’autres facteurs sont entrés en jeu, géopolitiques, remettant en scelle le Rafale.

Le chef de guerre abudhabien, qui s’apprête à monter sur le trône, et dont le budget de défense (2014) offrait à son pays sa 14ème place dans le classement du SIPRI, recherchera donc, encore plus aujourd’hui, à se doter des moyens et des partenaires qui lui permettront de réaliser ses ambitions stratégiques. L’aviation est, à ce titre, incontournable: puissance de feu, précision, appui au sol; renseignement et surveillance; projection de puissance; interopérabilité avec les alliés; prestige. La France est, à ce même titre, un partenaire idéal: engagement politique et militaire sur les mêmes fronts; poids géopolitique (UE, CSONU, axe saoudo-égyptien, etc.); marge de manoeuvre prouvée (cas libyen) vis à vis des alliés. Le Rafale devient, toujours au même titre, un choix optimal…

Dans cette note de 3.336 mots, réservée à ses clients, MESP fait le point sur les relations franco-émiraties, et sur la place centrale qu’occupera de plus en plus la dimension militaire et sécuritaire dans ces relations. La note revient sur les signaux qui annoncent une relance et une accélération des négociations franco-émiraties sur le Rafale, dans le contexte actuel, sur l’évolution du mécanisme de prise de décision relatif à un tel programme stratégique, à Abu Dhabi et Paris, sur les pressions exerçées par les Britanniques pour espérer ramener le Typhoon dans la course, et sur la perception d’un tel programme à partir de Washington.

Scroll to Top