En attendant de mieux saisir la gravité de l’incident de ce jour et ses conséquences sur les évolutions syriennes (lire notre FLASH: Syrie : “Le 18 Juillet 2012, un tournant dans le conflit syrien“), on ne peut que s’interroger sur les véritables organisateurs et exécutants de l’attentat. Car, en effet, à l’heure qu’il est, c’est à dire quelques heures après l’attentat, les revendications restent confuses (ALS, groupuscules djihadistes), et le déroulement de l’attentat incertain (kamikaze ou pas). On ne le saura probablement jamais, mais doit-on y voir une “contribution” extérieure, au niveau de la planification, de l’exécution, ou tout au moins de l’assistance opérationnelle ? Ceux qui ont pu aller aussi loin, et atteindre le cœur du système sécuritaire à Damas, devaient-ils attendre le 18 juillet 2012 pour le faire ? Ont-ils jugé le timing politique opportun pour une telle opération d’envergure, ou est-ce un timing militaire ? Indépendamment des réponses, qu’on n’obtiendra probablement jamais, ne doit-on pas s’interroger sur la possibilité qu’une partie tierce, extérieure, ait décidé de faire monter la pression sur Damas, et donc, par ricochet, sur Téhéran et Moscou ? Une façon, violente, militaire, meurtrière, pour débloquer la situation diplomatique et imposer un règlement politique…
L’ouverture de la bataille de Damas, trois jours auparavant, par une faction de rebelles peu préparés à ce type d’opération de longue durée et de grande intensité, coïncidait avec une pacification forcée des régions frontalières syro-libanaises et avec un déploiement expéditif de l’Armée libanaise au nord-Liban pour éviter un débordement du conflit. Le déploiement de l’Armée libanaise, encouragé par Paris et par plusieurs capitales occidentales, notamment celles qui ont des soldats déployés dans le cadre de la FINUL (Paris donc, Rome, Berlin), n’aurait été possible que grâce au retrait de certaines unités déployées au sud du Litani. Cela fut urgent et rapide, et la logistique a à peine suivi… Les capitales occidentales s’attendaient-elles à un retournement de la situation sur le terrain, aussi brutal et rapide ? Le Président Bachar el-Assad, son frère le général Maher el-Assad, étaient-ils visés, eux-aussi, et surtout eux, par cet attentat ? L’opération visait-elle à décapiter carrément le régime, pour imposer, aux Syriens, aux Iraniens et aux Russes, un fait accompli ? L’opération aurait-elle à moitié réussi, et donc échoué partiellement ? Ces questions nous ramènent à la principale question, sous-entendue : est-ce le fait des insurgés, ou est-ce une opération, extérieure, coordonnée, planifiée, dans le but d’imposer un règlement final ?