Proche-Orient – Espagne: La diplomatie espagnole profite à l’image de Repsol au Liban


En visite le 24/04 à Beyrouth dans le cadre d’une tournée régionale, le Ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération José Manuel García-Margallo a croisé le Ministre adjoint russe des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov, laissant transparaître une convergence de vues entre Madrid et Moscou sur le dossier syrien. La Russie, puissance internationale franchement alliée du régime syrien de Bachar el-Assad et très impliquée dans les dossiers régionaux, n’a cessé d’appeler, depuis le début de la crise en Syrie, à un règlement négocié. L’Espagne, pays européen fraîchement intéressé aux affaires du Proche-Orient, tend à arriver à la même conclusion, celle de privilégier une solution politique à la crise syrienne.

La Russie campe sur ses positions, et manifeste une solide détermination à défendre ses points de vue et ses intérêts en Syrie, mettant au service de ses ambitions une panoplie de moyens, diplomatiques, politiques, économiques, militaires. L’Espagne est hésitante à trop s’impliquer, malgré un intérêt confirmé pour la zone, pour sa stabilité (contingent espagnol au sein de la FINUL, monitoring des risques sécuritaires transnationaux, etc.) et son potentiel (potentiel économique: le gaz offshore en Méditerranée orientale avec aujourd’hui le Liban et la pré-qualification de Repsol, et demain, la reconstruction de la Syrie, etc.). Ses moyens sont bien plus modestes que ceux de la Russie. D’ailleurs, la comparaison s’arrêtera à ce rapprochement constaté sur le dossier syrien, rapprochement qui a besoin encore d’être confirmé au sein de l’UE et dans les instances internationales.

L’image de l’Espagne, en dépit de ses crises internes, qu’elles soient économiques (record de chômage) ou même morales (famille royale), est, en tout cas, bien plus visible aujourd’hui au Liban et au Proche-Orient qu’il y a de cela quelques courtes années. La visite du MAE espagnol, avec un ordre du jour bien plus modeste que celui de Mikhail Bogdanov, a ouvert la voie à des interprétations nouvelles du poids et de l’influence de l’Espagne sur les dossiers régionaux. Ainsi, on se demande à Beyrouth si la promotion par García-Margallo de l’idée d’une solution négociée en Syrie est une volonté délibérée de la part de Madrid d’ouvrir une brèche dans la politique européenne, et occidentale même, pour contenir l’offensive menée par Paris et Londres en faveur d’un renversement manu militari de Bachar el-Assad. On s’interroge sur cette volonté soupçonnée chez les Espagnols de venir chatouiller les Français et les Britanniques dans leur fief proche-oriental. On s’interroge aussi si cette position espagnole, ainsi annoncée et défendue à partir de Beyrouth, ne serait pas annonciatrice d’un revirement européen et d’un recentrage de la politique de l’UE vers un compromis sur la crise syrienne qui viendrait préparer et appuyer, le moment venu, les arrangements américano-russes sur la Syrie. Dans tous les cas, ces spéculations sur le poids et l’influence de l’Espagne, supposés ou réels, sur les dossiers régionaux, pourraient profiter aux intérêts économiques du royaume sur la zone et aux ambitions d’une société du rang de Repsol au Liban.

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