Syrie – France: La ‘diplomatie des Rafale’ permet à Paris de rester dans le jeu


Les premières frappes menées par l’aviation française en Syrie, annoncées le 27/09, visaient un camp d’entraînement de l’Etat Islamique, et probablement des djihadistes français impliqués dans des projets d’attentats contre le territoire national ou contre des intérêts français. Ces frappes coïncident avec la visite en Syrie, autorisée sous certaines conditions, par l’Elysée, d’un groupe de trois Parlementaires de la majorité. Pour François Hollande, qui tente un forcing sur le dossier syrien à l’AGNU à New York, le timing paraît optimal, même si, ces frappes l’ont contraint à préciser qu’elles sont contre l’EI et ne visent pas à aider Bachar el-Assad. En tout cas, elles sont dans l’intérêt du régime, un régime qui redevient fréquentable même si Paris ne cesse de rappeler que l’avenir de la Syrie ne pourra se faire avec Bachar el-Assad.

Depuis quatre ans, la France vit dans un déni de réalité absolu en traitant le dossier syrien. Ayant omis de tirer, assez rapidement, les leçons des échecs cuisants subis en Libye et ailleurs dans le monde arabo-musulman révolté, Paris s’est enfermé dans une logique binaire sur laquelle il était devenu intraitable: le salut de la Syrie et des Syriens passe par le renversement de Bachar el-Assad. Cela garantirait, selon cette logique française d’inspiration arabe (Arabie saoudite, Emirats Arabes Unis, Qatar) et turque, la paix et la prospérité au Proche-Orient, et assurerait, selon les promesses arabes, les intérêts de la France… La France et ses industriels ont profité du chaos général que cette aventure mal pensée et sans horizons a généré, comme en témoignent les contrats qui lui ont été donnés afin de maintenir le cap sur le dossier syrien… Jusqu’au moment où le mécanisme entre en surchauffe, et se bloque.

Dans cette note de 3.566 mots, MESP présente (i) l’évolution de la position française en Syrie ces quatre dernières années, et revient sur (ii) les profits engrangés par les industriels français stratégiques grâce à l’alignement systématique de Paris sur les vues de l’axe saoudo-émirati. Dans cette note, réservée à ses clients, MESP s’intéresse aux (iii) menaces que fait peser directement le chaos syrien actuel sur la France et sur ses intérêts au Moyen-Orient, et tente d’évaluer (iv) les chances de succès des frappes aériennes menées par la France contre les cibles que ses services ont identifiées sur le sol syrien. Dans cette note, MESP revient sur (v) la nécessité de monter une alliance militaire régionale, alliant puissances chiites et sunnites, sous une direction russo-américaine, et sur (vi) la préparation sérieuse de l’après-EI (avant de parler de l’après-Assad) pour éviter de voir se renouveler en Syrie les catastrophes libyenne et irakienne.

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