MENA-France: Manuel Valls au Caire, à Riyad et à Amman: quels objectifs?


Les contacts sont soutenus entre Paris et les dirigeants arabes partenaires de la France, et se situent aux plus hauts niveaux politiques, diplomatiques, militaires et économiques. La France a fait le choix de rester ancrée sur l’axe arabo-sunnite, et assume entièrement ce choix, pour le moment. Les évolutions géopolitiques et bilatérales pourraient pousser Paris à recentrer sa politique. Il le fait déjà, pudiquement, en s’ouvrant sur l’Iran dont il accueillera le Président Hassan Rouhani en novembre, et en Syrie où l’Armée de l’Air française est engagée contre l’Etat Islamique après avoir été à deux doigts de bombarder Bachar el-Assad…

La France a de nombreux avantages comparatifs, dans le contexte actuel, et par rapport à une administration américaine hésitante sur les dossiers cruciaux de la région, et par rapport aussi à d’autres gouvernements européens de plus en plus frileux lorsqu’il s’agit de s’investir et de prendre des risques en défense des intérêts alliés. Elle est engagée, directement, dans la guerre contre le terrorisme, à travers l’ensemble de la région, et ne cesse de démontrer sa capacité de projection et de réaffirmer sa détermination à user de la force militaire pour défendre ses intérêts et ceux de ses partenaires. La France fait preuve d’intransigeance lorsqu’il s’agit de traiter le coeur des dossiers les plus inquiétants pour ses partenaires arabes: le nucléaire iranien, la recomposition du système politique en Syrie, la guerre contre l’EI, etc.

Pour le moment donc, la France reste solidement derrière, et parfois même devant, ses alliés arabes de référence, une détermination qui permet à ses industriels d’engranger des contrats milliards de dollars. Mais, certaines choses évoluent, pas forcément dans sens de ce choix stratégique français, au risque de déstabiliser l’axe arabo-sunnite lui-même, et d’embarrasser la France:

(i) Les points de désaccords entre Saoudiens, Qataris, Emiratis, Egyptiens, se multiplient, jusqu’à compliquer le positionnement de la France vis à vis de ce camp qui perd de son homogénéité.
(ii) Les options politiques de ces partenaires arabes sont en constante mutation, y compris lorsqu’il s’agit de politique internationale et de partenariats stratégiques, jusqu’à relativiser par moment le poids de la France aux yeux de certains de ces partenaires…
(iii) Les évolutions géopolitiques régionales (Iran, Russie, Etats-Unis, l’Etat Islamique, le Yémen, l’Irak etc.) pèsent de plus en plus sur la place et sur l’image de la France, dans un sens ou dans l’autre certes, mais elles pèsent jusqu’à brouiller parfois l’image du partenaire français.
(iv) Enfin, des considérations internes propres aux partenaires arabes de la France, politiques ou économiques, peuvent mettre une pression supplémentaire, aujourd’hui et à l’avenir proche, sur les relations franco-arabes.

Dans cette note de 3.664 mots, réservée à ses clients, MESP replace la visite du PM français en Egypte, en Arabie saoudite et Jordanie, dans son triple contexte :

(v) Contexte bilatéral entre Paris et chacune des trois capitales arabes : politiques, échanges économiques, contrats, coopération militaire, lutte contre le terrorisme.
(vi) Contexte régional : crise des réfugiés, ambitions iraniennes et turques, intervention russe en Syrie, stabilisation du Yémen et de l’Irak, Frères Musulmans, relations inter-arabes, coalitions militaires actuelles ou en gestation.
(vii) Contexte international avec les tensions actuelles entre Moscou et le camp occidental et leurs répercussions sur le Moyen-Orient, les changements à attendre avec les échéances démocratiques à Washington, etc.

Dans cette note, MESP s’attardera sur
(viii) l’exclusion des Emirats Arabes Unis et du Qatar de cette tournée du PM (prévue de longue date, mais reprogrammée à la hâte),
(ix) les principales personnalités arabes que rencontrera Manuel Valls à cette occasion (et celles qu’il ne rencontrera pas), et
(x) le programme des échanges franco-arabes (Arabie saoudite, Egypte, EAU, Qatar) au cours des prochains mois.

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