Qatar – France: Tamim B. Hamad à l’Elysée: quelles garanties françaises?


Quelques jours après sa rencontre avec le Président turc Recep Tayyep Erdogan à Istanbul (12/02), flanqué de son Ministre d’Etat à la Défense Khaled Al Attiyah (ex-MAE), et après sa rencontre avec le Président russe Vladimir Poutine à Moscou (19/01), l’Emir du Qatar cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani se rend à Paris pour y rencontrer le Président François Hollande (16/02).

***

Contrer les pressions hégémoniques saoudiennes

Hésitant à se soumettre au commandement militaire saoudien, le Qatar se contente d’une contribution marginale aux opérations militaires en cours au Yémen (coalition conduite par Riyad), alors qu’il s’est exclu de la mission de pacification menée par la force commune du Conseil de Coopération Arabe du Golfe à Bahreïn (“Bouclier de la Péninsule”).
Quant à la contribution des Forces armées qataries, et notamment de leurs Forces aériennes, aux opérations contre l’Etat Islamique, elle est pour le moins capricieuse…
Malgré ses réserves, ses Forces armées participent, un peu symboliquement, aux manoeuvres “islamiques” coordonnées par Riyad et qui se tiennent sur le sol saoudien (une vingtaine de pays), des manoeuvres qui doivent préparer une éventuelle intervention en Syrie.

La Turquie, comme rempart régional

Jouant aux équilibristes, comme à l’accoutumée, TBH, qui a signé un accord avec Ankara pour l’échange de facilités logistiques, envisage une contribution militaire directe en Syrie, à partir d’Incerlik où s’est rendu dernièrement son nouveau Ministre d’Etat à la Défense. Il y voit une certaine garantie contre l’hégémonie militaire saoudienne…

La France, comme valeur refuge

Recherchant, comme pour ses investissements financiers, à limiter ses risques et à accroître ses gains espérés, le Qatar ne s’imagine pas s’exclure des arrangements qui s’imposeraient tôt ou tard en Syrie, en Irak et en Libye. Il ne s’imagine donc pas exclu dès aujourd’hui des coalitions militaires qui se donnent toutes sortes de missions opérationnelles et qui n’ont in fine qu’un même objectif: le partage d’influence lors des grands arrangements.

Ses garanties pour éviter de tomber sous la coupe d’un commandement militaire saoudien, il les trouve dans la diversification de ses alliances militaires dans le cadre des coalitions engagées sur ses divers champs de bataille. Ses garanties pour éviter de perdre son retour sur investissement, ils espèrent les obtenir auprès de ses partenaires régionaux et internationaux, le moment venu.

La France se trouve à l’intersection de ses deux ambitions qataries: c’est un partenaire militaire confirmé et c’est un partenaire politique stratégique.

***

Dans cette note de 2431 mots, MESP s’attarde surtout sur la place que le Qatar réserve à la France dans sa stratégie syrienne. Dans cette note, réservée à ses clients, MESP tente aussi de comprendre les projets que réserve TBH aux Français afin d’espérer garantir la continuité de leurs engagements à la veille, pendant et après l’élection présidentielle.

Scroll to Top