Total et les enjeux français dans le gaz offshore libanais


Publié dans le numéro 11 de la LettreM, 10 octobre 2017.

Total élargit ses investissements au Liban, où la compagnie française possède un des réseaux de distribution les mieux implantés territorialement, et compte participer à l’exploitation du gaz offshore libanais. Cette décision, qui doit être confirmée officiellement avec l’annonce imminente du résultat de la première série d’attribution de licences d’exploration et de production, n’était pas acquise. Total, qui aurait pu être découragée et par son expérience chypriote et par la faisabilité économique de son projet libanais, s’associerait finalement à Eni et Novatek. Ce consortium devrait rassurer les autorités politiques et diplomatiques parisiennes, surtout qu’il permet à Total d’alléger ses risques géopolitiques en étant associée à des intérêts italiens et russes dans le bassin oriental de la Méditerranée.

Entre la visite d’Etat du Président Michel Aoun à Paris (septembre 2017) et la visite du Président Emmanuel Macron à Beyrouth prévue au printemps 2018 dans le cadre d’une tournée régionale, plusieurs rendez-vous franco-libanais sont programmés. Parmi ces manifestations franco-libanaises, qui confirment le repositionnement de la France sur la scène libanaise après une période de flottement ces dernières années, une conférence internationale des investisseurs et une autre d’aide à l’Armée libanaise.

L’abandon du programme franco-saoudien DONAS ($3md) aura privé la France du retour en force au sein du secteur de la défense qu’elle tentait d’effectuer en coordination avec l’Arabie saoudite. Il faudra désormais à la France du temps, de la créativité, un certain degré d’opportunisme politique aussi, pour espérer compenser cette opportunité manquée. Sur le plan économique, l’initiative imaginée par Paris et qui vise à organiser au profit du Liban un tour de table d’investisseurs potentiels, est un autre levier, vital pour les Libanais dans le contexte actuel, pour consolider et élargir l’influence française au Liban et au Levant.

Ses relais diplomatiques, culturels et éducatifs, permettent à la France de faire jouer pleinement sa stratégie de soft power au Liban. Ce levier est d’autant plus important, qu’il contribue, directement, à la survie du modèle socioculturel et politique qui distinguait jusque-là le Liban. Il fait partie des axes de coopération franco-libanaise dont on annonce la consolidation au cours des prochaines années. La France, engagée dans la guerre contre le terrorisme, joue aussi un rôle certain dans la défense de la souveraineté du Liban et de son intégrité territoriale. Ce rôle, diplomatique et militaire, s’étend aussi vers le front israélo-libanais où la France déploie un des contingents les plus importants de la FINUL, avec les Italiens et les Espagnols. Enfin, la France assure, via sa présence maritime notamment, la sécurisation du bassin oriental de la Méditerranée, où ses navires de guerre coordonnent leurs opérations et cohabitent avec ceux de puissances régionales, méditerranéennes et internationales.

La France tend à participer à l’exploitation du gaz offshore libanais, malgré l’attractivité économique incertaine d’un tel investissement.

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