Liban: L’Accord de Taëf, victime collatérale du bras de fer saoudo-iranien ?


L’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005 marquait la fin d’une ère, celle de l’occupation syrienne du Liban. En échange de cette occupation, l’Arabie saoudite arrachait à la Syrie l’Accord de Taëf. Cet accord, qui profite au camp sunnite et donc à l’influence saoudienne, s’est maintenu par la suite tant bien que mal, à coups de concessions saoudiennes surtout. L’éviction du Premier ministre Saad Rafic Hariri en 2017 marque-t-elle la fin de cet accord et l’entrée du Liban dans une nouvelle ère, celle de la domination iranienne ?

En accentuant leurs pressions sur le Liban, tombé, de facto, dans le giron de leur camp rival, les Saoudiens jouent Taëf, un peu comme à la roulette russe. Les voilà contraints de réagir pour tenter de préserver les équilibres géopolitiques au Liban, alors qu’ils doivent certainement mesurer le risque qu’ils font ainsi peser sur la fragile Constitution de l’Etat libanais.

La position de Riyad, sur la scène levantine et libanaise, est peu enviable, en effet : réagir, au risque de perdre leurs derniers bastions politiques au Liban, ou laisser faire et s’accommoder d’une marginalisation durable ou même définitive, de leur camp face à l’axe irano-syro-hezbollahi ?

Les Saoudiens n’admettent jamais leurs échecs. Le feront-ils aujourd’hui ? Qu’ont-ils gagné en organisant le troc du siècle dans les années 90, lorsqu’ils ont contraint leurs protégés sunnites à céder de leur souveraineté nationale au régime de Damas en échange d’une Constitution qui les avantagerait ? Qu’ont-ils gagné, après l’assassinat de Rafic Hariri, en multipliant les concessions, qui ont pris la forme d’une série d’arrangements rocambolesques, et qui ont permis d’organiser un semblant de cohabitation interlibanaise ?

Préserver le peu d’influence résiduelle qui leur restait au Liban face à l’offensive organisée et déterminée du camp adverse ? Ne risquent-ils pas de contribuer à l’effondrement de Taëf ? Les Saoudiens et le camp qu’ils soutiennent au Liban, ont-ils vraiment le choix ? Le choc frontal est-il inévitable ?

Dans cette note de 3.557 mots, MESP tente (i) d’évaluer les chances pour le camp saoudien, et ses capacités, de freiner l’offensive irano-hezbollahie au Liban en vue de contraindre le camp adverse à accepter une cohabitation dans le contexte actuel, et (ii) d’anticiper les réactions possibles du camp irano-hezbollahi face à la contre-offensive saoudienne actuelle.

Dans cette note, réservée à ses clients, MESP (iii) évalue le risque de voir d’autres acteurs (Israël, Palestiniens, Syriens, Etat Islamique, al-Qaëda) entrer en scène et attiser les tensions.

Enfin, MESP (iv) s’intéresse à la médiation que la France pourrait être amenée à entreprendre pour sauver l’Accord de Taëf et éviter les dérapages redoutés et leur impact sur la stabilité du Liban et sur la pérennité même de la « formule libanaise ».

 

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