Nouvelles plateformes de communication et d’échanges franco-arabes


De nouvelles plateformes de communication et d’échanges émergent sur la voie Paris-Monde Arabe. Le journal saoudien ArabNews s’offre une version digitale en langue française qui se veut « indépendante ». Le Diwan Global, dernier-né des cabinets d’influence parisiens, ne vise pas moins que de « mettre en relation les leaders d’Orient et d’Occident », avec l’ambition de devenir un club d’affaires et un think tank. La version en langue arabe de la Revue de Défense Nationale, lancée en 2012 et aussitôt mise en veilleuse, laisse un vide là où la communication de la pensée stratégique française et la promotion des technologies militaires françaises auraient pu servir les intérêts de la France au Moyen-Orient. Sa place est à prendre. La LettreM, bulletin confidentiel publié par MESP et dédié aux actions et politiques menées par la France au Moyen-Orient, atteint sa vitesse de croisière et poursuit son expansion. En outre, la concentration observée dans le secteur des cabinets d’influences et d’intelligence stratégique parisiens pourrait faire émerger, sur la zone du Moyen-Orient, des structures spécialisées capables d’offrir des services mieux adaptés aux besoins actuels du marché. A leur tour, ces structures viendront élargir les voies de communication et d’échanges entre Français et partenaires arabes.

ArabNews.fr

Le quotidien saoudien d’expression anglaise Arab News lance un portail d’information en langue française : arabnews.fr. Le Saudi Research and Marketing Group, propriétaire du journal et d’autres journaux saoudiens (Asharq al-Awsat, al-Majalla, al-Iqtissad), est sous le contrôle direct du Prince héritier saoudien Mohammad Ben Salman Ben Abdulaziz dont le clan contrôle le SRMG (le SRMG est la propriété d’al-Ahli Capital Fund qui est détenu principalement par le Public Investment Fund à plus de 44%). L’investissement est marginal, en termes financiers, mais il n’est pas neutre politiquement.

Lancé, symboliquement, à l’occasion du 14 Juillet 2020, arabnews.fr se dit « indépendant », malgré son intégration dans le dispositif médiatique de MBS et de son équipe. Il a été bien accueilli par les représentants de la France officielle qui n’ont pas hésité, à l’occasion de leur discours du 14 Juillet, à faire l’éloge de ce nouveau projet : c’est le cas notamment de l’Ambassadeur de France à Riyad François Gouyette qui s’apprête à quitter son poste à Riyad et l’Ambassadeur à Abou Dhabi Ludovic Pouille qui est pressenti pour lui succéder à ce poste. A l’occasion de ce 14 Juillet, ArabNews s’intéressait à « L’histoire d’amour entre les Saoudiens et la France », un article à l’eau de rose, signé Noor Nugali, comprenant des témoignages de Saoudiens et de Saoudiennes épris de la France… Dans sa même édition, le chargé d’affaires à l’Ambassade d’Arabie saoudite à Paris Ali Ben Mohammad al-Qarni déclarait sa flamme à la France dans une tribune intitulée « L’Arabie saoudite et la France, un véritable partenariat » et où il affirme : « Je suis tombé amoureux de la France et de tout ce qui est français »…  Pour sa part, le Ministre d’Etat saoudien aux Affaires étrangères Adel al-Jubeïr choisissait de parler de « valeurs communes » entre l’Arabie saoudite et la France, et d’affirmer qu’avec son édition en langue française ArabNews « devient un port de communication entre un média arabe indépendant et les lecteurs de langue française, partout dans le monde », alors que le Ministre en charge de l’Information, le Ministre du Commerce Majed al-Qassbi saluait cette initiative « qui renforcera la communication entre les peuples ». Elargissant le spectre des témoignages, arabnews.fr sollicite également le Président de Djibouti Ismail Oguelleh, ami commun de l’Arabie saoudite et de la France, et qui s’exprime en Français pour saluer le rôle de la version française d’Arab News dans le renforcement de « l’universalité linguistique et intellectuelle » du royaume…

Après les présentations d’usage, ArabNews.fr entrait dans le vif du sujet en sollicitant l’ancien Ministre français des Affaires étrangères Hervé de Charrette qui, lui, s’attaque au délicat dossier de la Méditerranée pour lancer « un appel pour la Libye » et pour s’interroger, dans sa tribune, sur « l’idée que nous nous faisons de la Méditerranée dans laquelle nous voulons vivre ». Pour sa part, l’intellectuel Rasheed al-Khayoun commentait la reconquête de Sainte-Sophie par le Président Erdogan qu’il accuse « d’attiser les tensions religieuses » et la Sénatrice Nathalie Goulet, présidente de la commission interparlementaire France-Pays du Golfe, dénonçait les « provocations » de la Turquie sur la scène internationale et affirmait que « la lutte contre les Frères musulmans doit faire preuve d’une tolérance zéro ». « L’indépendance » d’arabnews.fr prend un coup, certes, mais au moins le ton est donné et les véritables enjeux de ce projet sont désormais clairement assumés : Arabnews.fr est une nouvelle plateforme de communication qui s’ajoute à la constellation de lobbyistes et de relais parisiens entretenue par l’Arabie saoudite en France.

 

Global Diwan

Le Global Diwan, lancé le 11 mars 2020, est le dernier-né des cabinets d’influence parisiens. Tourné vers le Moyen-Orient, il se veut global et ne vise pas moins que de « mettre en relation les leaders d’Orient et d’Occident ». Le contexte actuel, avec la pandémie du Covid-19 qui a accentué le ralentissement économique constaté dès 2019, n’a pas empêché l’annonce du lancement de Global Diwan « à Paris, Londres et Berlin » avec l’espoir qu’il trouve sa place rapidement « entre l’Europe, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Asie ».

Se voulant « club d’affaires international », et potentiellement « think tank », le Global Diwan vise à réunir la réflexion stratégique et l’opérationnel. Comprendre les marchés pour mieux y accéder. Pratiquement, il a besoin d’affiner son offre de services, et de mettre mieux en avant sa valeur ajoutée par rapport à la concurrence. Il a besoin d’épurer son identité. Le Global Diwan, business club, cabinet de conseils et de lobbying, et éventuellement think tank, a besoin de clairement identifier une niche et de se l’approprier.

Le networking semble être le pilier de son action, le Moyen-Orient sa zone de prédilection, Paris sa base arrière.  Cela le limiterait, certes, par rapport à ses ambitions affichées, mais cela aurait le mérite de permettre à ses interlocuteurs de mieux le cerner. Progressivement, d’autres activités, y compris le lobbying et les études de marchés ou encore les notes géopolitiques et les due diligences, seraient rajoutées à son offre de services.

Progressivement aussi, le Global Diwan élargirait sa présence au Moyen-Orient, couvrirait d’autres zones, et diversifierait son implantation européenne. C’est alors que Global Diwan, qui annonce déjà des petits avec les programmes Diwan Women Leaders et Diwan Young Leaders, et dont l’Advisory Board est piloté par l’ancien Secrétaire Général du Quai d’Orsay Maurice Gourdault-Montagne, pourrait revendiquer sa place parmi les cabinets de conseils et autres business clubs et lobbyistes.

Entretemps, cette initiative lancée par Eric Schell et Alexandre Houssard, et qui repose dans sa dimension moyen-orientale sur le Président de l’Institut du Monde Arabe Jacques Lang et sur la cheikha koweïtienne Intisar Al Sabah, en plus de Gourdault-Montagne, doit pouvoir démarrer et survivre dans le contexte actuel particulièrement délicat (le 25 juin, Global Diwan organisait un webinar sur le thème des investissements des fonds souverains arabes du Golfe dans le contexte du Covid-19, et un autre le 9 juillet sur la Turquie et sa place entre l’Europe et le Moyen Orient).

Sur la place parisienne, Global Diwan doit faire face à une concurrence de la part d’acteurs aguerris et dont le plus grand parmi eux n’est qu’un acteur marginal comparé aux mastodontes anglo-saxons qui monopolisent les marchés internationaux. Pour Global Diwan, sa survie serait avant tout dans le choix judicieux d’une niche d’excellence qu’il conviendrait de définir à la lumière des avantages comparatifs auxquels il peut prétendre dès à présent.

 

Revue Défense Nationale en Arabe

La communication stratégique française en direction des alliés et partenaires de la France dans la région Afrique du Nord Moyen-Orient est désordonnée et son impact est marginal au sein des classes dirigeantes et des élites. La diffusion de la réflexion stratégique française, partie intégrante de la communication stratégique, est elle-même quasi inexistante.

La communication stratégique est pénalisée par l’absence de volonté politique en premier lieu, et par l’éclatement des responsabilités aussi. Une réflexion globale mérite d’être menée afin que les actions entreprises par la France, aux niveaux politique, diplomatique, sécuritaire, environnemental, technologique, humanitaire, gagnent en cohérence aux yeux des partenaires arabes et moyen-orientaux. C’est là un des fondements de l’intelligence stratégique, voulue comme un des vecteurs du rayonnement de la France à l’étranger. Au Moyen-Orient, la France se veut présente. Elle se manifeste sur de nombreux dossiers et multiplie les initiatives. Elle s’exprime, mais elle ne se fait pas toujours entendre. Lorsqu’elle est audible, elle n’est pas nécessairement écoutée. Lorsqu’elle l’est, elle se fait mal comprendre. Au Moyen-Orient en tout cas, et auprès de ses alliés et partenaires, et auprès des acteurs qui comptent, la France gagnerait à communiquer différemment. Ses actions seraient mieux acceptées et mieux comprises, d’autant qu’elles seraient replacées dans leur cadre stratégique pour redevenir cohérentes et accessibles.

Parmi les rares initiatives visant à élargir la diffusion de la réflexion stratégique française dans le Monde Arabe, celle, personnelle, pour le lancement d’une version en langue arabe de la Revue de Défense Nationale (2012). Aussitôt lancé, ce projet a été très bien accueilli parmi les élites militaires et diplomatiques et politiques arabes, avant d’être finalement gelé… Un projet qui mérite d’être remis au goût du jour dans le contexte actuel.

 

LettreM

Le numéro 0 de la LettreM, bulletin bimensuel dédié aux relations entre la France et les pays de la région Afrique du Nord Moyen-Orient, a été publié le 9 mai 2017. Le bulletin confidentiel, distribué par abonnement aux clients de MESP (Middle East Strategic Perspectives), a depuis atteint sa vitesse de croisière et trouvé sa place sur la voie Paris-Monde Arabe.

Dans sa fiche de présentation, MESP précise que la LettreM est destinée aux partenaires régionaux de la France et aux acteurs français (diplomatiques, militaires, économiques et culturels) présents sur la zone MOAN.

La LettreM commente et analyse l’actualité française sur la zone MOAN, avec l’ambition d’aider les partenaires de la France à mieux comprendre et interpréter ses actions et politiques actuelles.

La LettreM propose aussi aux partenaires français des pays arabes et de l’Iran une veille stratégique et opérationnelle de la zone MOAN.

La LettreM s’articule autour des axes suivants :

  • Tendances
    Une synthèse de l’actualité franco-régionale et une mise en perspective des signaux faibles
  • E-Diplomacy
    Expressions diplomatiques sur la twittosphère
  • La France vue par les 24
    La perception des actions et politiques françaises suivant un prisme arabe et régional
  • Grands contrats
    Les enjeux commerciaux majeurs : BTP, Energie, Défense, Transports, Santé, Finances
  • Spotlight
    La bourse des acteurs et des décideurs sur la voie Paris-MOAN
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