La fourniture par Washington de six hélicoptères Huey 2 à l’Armée de l’Air libanaise, quelques jours après la réception par la Marine de son plus grand navire le Trablous II, de fabrication américaine aussi, inaugure-t-elle, enfin, le déblocage des aides militaires occidentales au Liban, des aides qui se limitent depuis quelque temps à celles fournies par les Américains pratiquement (autour de $100m/an)? A Beyrouth, on peut espérer une relance des programmes d’équipement et de formation par Washington, Londres et Paris, au profit des Forces armées libanaises, pour accompagner la décision du gouvernement libanais d’affecter un budget de $1,6md sur une période de cinq ans, en vue de renforcer les moyens de défense et de sécurité du pays. Ce plan, proposé par le commandement de l’Armée libanaise, et approuvé sans aucune réserve par le gouvernement du Premier ministre Najib Mikati que contrôlent en grande partie le Hezbollah et ses alliés, tient compte de la menace israélienne bien évidemment et des menaces terroristes, ainsi que de la surveillance et de la protection des frontières, y compris des frontières maritimes. Pourtant, les Libanais planchent toujours, en théorie, sur l’élaboration d’une nouvelle stratégie de défense nationale, alors que les contraintes financières réduisent sensiblement les choix de Beyrouth en matière d’équipement et d’armement (les besoins de l’Armée sont estimés à plus de $4md).
Apparemment, les Américains, qui ont fourni au cours des derniers mois aussi un Cessna à l’Armée de l’Air libanaise, entendent fournir au Liban des équipements de combat sophistiqués, dont des systèmes de surveillance et des moyens de vision nocturne. Le Hezbollah, qui réalise un bon qualitatif sur le front israélien avec son drone Ayoub et la poursuite de sa stratégie de dissuasion de manière générale et à la lumière des leçons tirées de la guerre d’août 2006 et de celle plus récemment de Gaza, siège donc au gouvernement Mikati, ce même gouvernement qui a approuvé le plan quinquennal au profit de l’Armée et qui réceptionne les aides américaines et occidentales. Le plus petit dénominateur commun, au cours de la présente phase, pour l’ensemble des acteurs concernés est, à l’évidence, le maintien de la stabilité intérieure du Liban, alors que le conflit syrien commence à déborder sur la scène libanaise.
Les Libanais, y compris le Hezbollah qui doit plancher sur la préparation de l’après-Assad, et leurs partenaires occidentaux, avec à leur tête les Etats-Unis et la France, perçoivent avec les mêmes inquiétudes les risques de déstabilisation du Liban par les innombrables voies possibles: interventions syriennes directes ou indirectes, fitna confessionnelle attisée par les tensions géopolitiques actuelles, terrorisme islamiste sur fond de djihad en Syrie, facteurs palestiniens, etc. Le déblocage, en urgence, des aides militaires américaines et peut-être aussi européennes, n’est pas sans rappeler le contexte à la veille de la bataille de Nahr el-Bared en 2007, menée par l’Armée libanaise contre les groupes terroristes de Fateh al-Islam… Il y a urgence à débloquer les aides militaires à l’Armée libanaise. La France, qui a plusieurs programmes en souffrance dont celui de l’armement des Gazelle (missiles Hot) est directement concernée…