Le bilan, provisoire (18h), de l’attentat contre la banlieue sud de Beyrouth, serait de six morts et de plusieurs dizaines de blessés (70). Sans vouloir spéculer, à chaud, sur les dessous de cet attentat, Middle East Strategic Perspectives retient une série de remarques qui seraient utiles à la compréhension du contexte sécuritaire actuel:
– Sanctuarisation des régions chiites: L’attentat vise la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, après une série d’attentats (trois) ayant visé cette même région ultra-sécurisée, ce qui relativise forcément l’efficacité des mesures de sécurité adoptée par l’organisation chiite et par les autorités libanaises officielles. Se dirige-t-on vers une sanctuarisation des régions chiites, surtout que les autres bastions du Hezbollah et du mouvement Amal (Béqaa et Baalbak principalement) sont également la cible d’actes terroristes (sans parler des régions chiites de Syrie)?
– Banalisation des bombes humaines: Selon les rumeurs, il s’agirait, comme pour le double attentat contre l’Ambassade d’Iran, d’un kamikaze. L’information dénote, si elle était confirmée, la banalisation de la bombe humaine sur la scène libanaise, avec le retour au Liban de djihadistes engagés en Syrie (les deux terroristes, Libanais et Palestinien, qui s’étaient fait sauter contre l’Ambassade d’Iran revenaient de Syrie). Se dirige-t-on vers une “irakisation” de la scène libanaise?
– Déclenchement d’une fitna confessionnelle: L’attentat “anti-chiite” intervient après l’attentat “anti-sunnite” qui visait l’ex-Ministre Mohammad Chatah, et conseiller de l’ex-Premier ministre Saad Hariri. Cela risque, à l’évidence, de déclencher une guerre confessionnelle à travers le pays.
– Une guerre entre services iraniens et saoudiens? Ces attentats au Liban surviennent alors que la guerre des services bat son plein, entre les milieux radicaux en Arabie saoudite et en Iran, sur plusieurs théâtres d’opérations, y compris au Yémen, en Irak et en Syrie, avec l’entrée en lice d’al-Qaëda et de ses filiales.
– Terre de djihad? Le nouvel attentat intervient après l’annonce par les autorités libanaises de l’arrestation de l’émir des Brigades Abdullah Azzam Majed al-Majed, de nationalité saoudienne, et qui est au cœur d’un bazar politico-sécuritaire impliquant Saoudiens, Iraniens, Syriens, Américains, etc. Le nouvel attentat coïncide aussi avec l’ouverture d’un front contre al-Qaëda et des formations radicales syriennes dans des régions frontalières entre le Liban et la Syrie, impliquant les hélicoptères syriens et les troupes d’élites du Hezbollah.
– Déstabilisation générale: Ces attentats coïncident avec des tentatives faites par des groupuscules islamiques pour déstabiliser le front israélo-libanais (tirs de roquettes).
– Solidarité internationale contre al-Qaëda: Ces attentats coïncident avec des appels, émanant de milieux proches du 8 Mars (pro-iraniens), pour élargir la coopération anti-terroriste avec les pays occidentaux et européens (déclaration, le 02/01, du Ministre des Affaires étrangères Adnan Mansour), alors que l’accent est mis, de plus en plus, sur la constitution d’un front mondial contre le terrorisme (à l’avantage donc du régime syrien). Ira-t-on jusqu’à demander l’affectation d’une partie des aides militaires franco-saoudiennes à la guerre contre al-Qaëda?