Liban: Déconstruire la nation libanaise fragilisée pour mieux la reconstruire

Les Libanais, qui ont aujourd’hui un gouvernement après onze mois d’attente, ont encore devant eux une série d’échéances constitutionnelles, dont les plus significatives sont l’élection d’un nouveau Président et la tenue d’élections législatives. Chantier complexe, mais indispensable pour la sauvegarde des institutions. Mais il est, à l’évidence, incomplet et insuffisant. Lorsqu’il s’agit de politique, les Libanais ne recherchent pas la perfection, il est vrai, mais le possible, seulement.

Le système sociopolitique est biaisé, à l’origine, et ne peut être réformé. Il faut penser à un chantier bien plus vaste, à la refonte de l’ensemble de l’Etat et de la nation elle-même, en tenant compte des contraintes réelles et des insurmontables handicaps. Tout le reste n’est que calfeutrage provisoire.

Sauver le Liban ne peut pas reposer sur des mesurettes, utiles parfois sur le moment, ni sur un respect obsessionnel des échéances constitutionnelles, même s’il est salutaire pour les institutions. Déconstruire la nation libanaise fragilisée pour mieux la reconstruire… Une décision que les Libanais devront prendre, tôt ou tard. Le moment d’une telle décision semble approcher, avec les bouleversements que connaissent tous les fondements de l’Etat actuel. Cela doit-il passer par des turbulences encore plus grandes, ou peut-il se faire à la douce, de manière pragmatique et sans complexe? On dépasse par ce raisonnement le tabou de la révision de la Constitution, pour s’attaquer à l’entité libanaise elle-même.

Mais, on ne peut que rester pragmatique, et reconnaître que seuls les perdants pensent à cela. Les gagnants, en fait les parties, entendre les communautés, qui ne se reconnaissaient pas dans le Liban des pères fondateurs et qui se reconnaissent dans la forme que prennent aujourd’hui le pays, l’Etat, la société, peuvent se contenter de nouvelles mesurettes. Le Liban ressemble désormais, globalement, à son entourage, par son système politique faussement démocratique, sa société tendant vers un inquiétant radicalisme d’inspiration religieuse, son confessionnalisme profondément ancré, sa violence diffuse, son économie à l’idéologie hybride…

Ceux qui s’y sentent à l’aise, aujourd’hui, se plaisent donc sur cette pente glissante… Les autres, ceux qui vivent ce qui ressemble à un véritable choc culturel, paniquent et choisissent, soit d’abandonner le navire, soit de le saborder. Une maturité démocratique dans le camp gagnant aurait pu les rassurer. Cela n’est pas le cas encore aujourd’hui. Seule la refonte générale de l’Etat et de la nation le ferait. Et encore… Sinon, quitter le navire avant qu’il ne soit trop tard et qu’il ne nous reste plus que…le sabordage…

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