L’Armée libanaise, ultime rempart contre le chaos, bénéficie d’une attention particulière de la part des partenaires étrangers. Une conférence se tient à Paris, le 05/03, en la présence du Président libanais et ancien commandant de l’Armée le général Michel Slaïman, du Vice-Premier ministre et Ministre de la Défense Samir Mokbel, et, éventuellement, de l’actuel commandant et candidat à la présidence le général Jean Kahwagi, pour mettre la dernière main au programme d’armement franco-saoudien de $3md au profit du Liban. Quelques jours auparavant, le représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU au Liban, Derek Plumbly, et le commandement de l’Armée libanaise, invitaient les Ambassadeurs des pays donateurs et leurs attachés militaires, ainsi que le commandement de la FINUL, à une conférence axée sur le plan quinquennal établi par l’état-major libanais et sur les programmes prioritaires et urgents en matière d’équipement et d’armement.
Après Paris, une conférence internationale se tiendra à Rome, pour élargir le tour de table des soutiens à l’Armée libanaise. Les Américains, qui poursuivent leurs programmes d’aides à l’Armée libanaise, jouent un rôle central dans l’organisation des deux conférences, jusqu’à s’ingérer directement dans le programme franco-saoudo-américain au nom de l’harmonisation des aides et de la sécurité d’Israël.
Alors que le Liban, qui planche sur une nouvelle stratégie de défense qui devrait s’intéresser davantage et surtout à la lutte contre le terrorisme d’al-Qaëda, obtient de nouvelles aides militaires de Riyad et du camp occidental, l’Iran entre en scène et propose à son tour d’aider l’institution miliaire libanaise à travers des programmes encore à établir. C’est le président de la Commission des affaires extérieures et de la sécurité au Conseil de la Choura Alaeddine Bouroujerdi qui vient d’être dépêché à Beyrouth pour transmettre les propositions iraniennes, des propositions rejetées par le Liban quelques années auparavant faute d’unanimité politique. L’Iran, qui sponsorise directement la machine de guerre du Hezbollah libanais engagé sur les fronts syrien et israélien et aussi celui de la lutte contre al-Qaëda, offre son aide au gouvernement du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki engagé lui aussi dans une guerre sans merci contre al-Qaëda. En Irak et au Liban, l’aide proposée par l’Iran aux autorités ne rassure guère les Américains et leurs alliés, même si le dénominateur commun de tels programmes d’aides, à savoir la lutte contre al-Qaëda, est partagé également par Washington.
Au Liban donc, l’Iran ne fait pas l’unanimité, ni l’Arabie saoudite d’ailleurs, ni Washington, ni Paris. Les Libanais sont divisés sur l’évaluation de leurs alliances régionales et internationales, et sur la perception des menaces et des dangers. Les programmes que leur proposent leurs partenaires doivent, pour réussir et surmonter les multiples obstacles politiques, ne pas menacer la sécurité d’Israël, aider directement à la défense de la souveraineté nationale, contribuer à la guerre globale contre al-Qaëda, aider l’Armée libanaise à assumer pleinement sa mission aux côtés de la FINUL. Eventuellement, ces programmes devraient permettre une plus grande harmonisation entre l’Armée et les autres services de sécurité engagés dans la lutte contre le terrorisme surtout, et, dans une perspective de plus long terme, ouvrir la voie à un recentrage de la stratégie de défense nationale au profit de l’exclusivité de l’Etat sur la sécurité.
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