Djihad global: La voie vers l’Europe est-elle désormais libre?


L’Etat Islamique, une des forces motrices du djihad, poursuit sa progression vers le cœur de l’Europe. Il bénéficie d’un coup de pouce de la part des dirigeants et des citoyens européens. Un coup de pouce inconscient, mais efficace.

En effet, certains, en Occident, ont pris l’habitude de bégayer leurs aveuglements… Dans les années trente, on fut dans le déni d’un totalitarisme brun et rouge que certains annonçaient comme promis par un traité de Versailles défaillant. On connait la suite de l’Histoire… Aujourd’hui nous assistons désabusés au même aveuglement face à une fatale réalité. L’Occident se refuse de nommer le mal qui pourrait l’engloutir au nom d’un relativisme criminel et d’une béatitude post-chrétienne sur l’universalité d’une raison qui le conduit à privilégier les droits de l’homme et la démocratie sur la prise de conscience des menaces mortelles qu’il encoure. Même déni de la réalité, même mesures d’ostracisme à l’égard de tous ceux qui montrent les dangers à venir…

Une fois encore l’Occident s’immole, cette fois-ci sur l’autel du « pas d’amalgame » et de la charité universelle qui le pousse à préférer l’autre à soi-même. Pour l’Etat islamique, le moment est venu, et il n’a jamais été aussi propice tant la résistance morale de ses adversaires est faible. Son djihad est soutenu, ouvertement, par la oumma, et par les organisations djihadistes et islamiques rivales ou même ennemies. Que l’Occident ne se méprenne pas sur les ambitions concurrentes des différentes mouvances radicales. Elles trahissent certainement des stratégies, des appétits, des logiques personnelles qui peuvent s’opposer conjoncturellement. En aucun cas, il n’y a d’opposition sur la finalité. Le but à atteindre est partagé : la conquête et la conversion globale des mécréants…

Il faut conquérir Rome, comme le déclamait il y a encore quelques mois le “calife” Abou Baqr al-Bagdadi. Le projet de califat global ne fait pas l’unanimité dans le monde musulman, loin de là, mais le djihad fi sabil allah est un devoir pour tout musulman. Pour l’EI, le djihad vise à imposer le califat, pas pour al-Qaëda, ni pour les wahhabites saoudiens ou qataris. Pour les Frères Musulmans et pour celui qui adopte depuis peu la posture de chef temporel des FM, le Président turc Recep Tayyip Erdogan, le califat est un rêve inavoué, et le djihad un devoir non assumé. Pour tous les musulmans du monde donc (comme pour les Chrétiens), diffuser le message d’Allah (Dieu) est une mission prioritaire. Pour les musulmans (pas pour les Chrétiens d’aujourd’hui), cette mission autorise l’emploi de moyens violents.

A partir du moment où les premières forteresses tombent, du fait de l’EI, d’al-Qaëda, de la démographie, de l’immigration, des conversions, des échanges économiques, etc., l’ensemble de la oumma s’invite à cette grand-messe de l’islamisation. Chacune des composantes du djihad global connaitra sa propre mission ou s’en inventera une.

Cela fait partie du passé, avec comme point de départ les campagnes militaires menées par les premiers musulmans dans la Péninsule arabique et à partir de celle-ci vers d’autres régions aujourd’hui totalement ou partiellement islamisées. Mais cela reflète le présent également, avec l’islamisation, par le djihad des dernières places fortes du Christianisme en Orient : Irak, Syrie, et aujourd’hui au Liban qui est désormais peuplé de 80% de musulmans. Surtout, cela prépare l’avenir, avec de nouvelles conquêtes déjà entamées, celles notamment de l’Occident et des pays européens. L’avenir se joue aujourd’hui : il se joue au Moyen-Orient, où la combinaison d’une multitude de facteurs complexes, allant de la géopolitique à la démographie en passant par l’économie, fait tomber ce qui constituait encore récemment les derniers remparts devant la progression brutale de l’Islam militant vers l’Europe, et il se joue en Europe où les blocages idéologiques empêchent les citoyens et les dirigeants qu’ils choisissent de comprendre les enjeux profonds de ce qu’ils subissent actuellement avec l’effondrement de leurs frontières.

Les frontières sont censées protéger, des invasions et des guerres. Cela n’est pas une garantie irréfragable… mais quand il n’y a plus de frontière…il y a toujours eu la guerre.

Les régimes autoritaires post coloniaux et nationalistes qui ont émergé avec le recul de l’Occident le long de la partie orientale de la Méditerranée et dans le Golfe, et qui ont été renversées avec son soutien au nom des valeurs universelles de la démocratie et des droits de l’homme, auraient certainement contenu cette nouvelle charge islamiste en direction de l’Europe pendant quelques décennies. Le renversement de ces régimes autoritaires et dictatoriaux (Libye, Irak) ou leur déstabilisation (Syrie), et les ondes de chocs de ces évolutions subies par d’autres systèmes autocratiques (Arabie saoudite, Algérie, Egypte) ou faussement démocratiques (Turquie, Tunise, Liban), ont accentué la pression sur les lignes de démarcation entre les deux rives de la Méditerranée, offrant des opportunités inespérées aux tenants du djihad global.

Ce djihad, porté par des motivations temporelles (géopolitiques, économiques, culturelles etc.) différentes, s’exerce avec des moyens tout aussi différents. Mais, in fine, le djihad, celui des premières années de l’avènement de l’Islam ou celui d’aujourd’hui est un fait, qui reste une obligation dont le caractère est global. C’est donc une obligation pour les musulmans (par musulmans on entend ceux qui se disent pratiquants), et elle est globale (elle ne connaît pas de frontières physiques). Peut-être que le plus dur a déjà été obtenu : faire tomber les frontières érigées à l’intérieur des régions arabo-musulmanes (ainsi entre la Syrie et l’Irak aujourd’hui, demain peut-être entre l’Arabie Saoudite et le Yémen…etc.) et islamiser les dernières poches de résistance à l’uniformisation confessionnelle dans ces régions (minorités non musulmanes d’Orient).

Le reste, entendre faire tomber les frontières occidentales, en vue de poursuivre la progression de l’islamisation du monde vers le cœur de l’Europe, foyer d’une résistance millénaire mais aujourd’hui inconsistante, est désormais lancé. En effet, les Européens ont renoncé par eux-mêmes à leurs frontières : les frontières nationales, les frontières communautaires, et les frontières morales. Sans défense, surtout morale, ils invitent le djihad global chez eux. La voie est donc libre, pratiquement, et les bombardements contre le seul EI, en Irak et en Syrie, auront, tout comme la déstabilisation des états, l’effet escompté… par les djihadistes et leurs alliés objectifs de l’ancien empire Ottoman : mettre des millions de réfugiés musulmans sur les routes de l’exil européen… Vous savez cette Europe qui refuse de comprendre que sa faiblesse est d’abord une lâcheté contre ses propres citoyens comme pourraient malheureusement en témoigner nombre de femmes de Cologne, nombre de victimes du Bataclan et d’autres lieux qui furent frappés par les avant-gardes fanatisées du Djihad.

Ceci était autrefois une fiction. Mais, certaines fictions s’avèrent, avec le temps, plus réalistes que d’autres. Surtout celle qui comprend des parts de vérité que personne n’ose assembler…

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